La fabrique de l’hypermodernité

Le régime numérique et sa bio-anthropotechnie, caractéristiques de l’hypermodernité, engendrent des conditions d’existence et de travail, inédites. Les systèmes relationnels, interindividuels et d’échanges se transforment. Les technologies apportent de nouvelles façons de communiquer, de parler, d’écrire, d’organiser des tâches, de les contrôler. Elles sont explicites, mais leurs réticularités opèrent aussi de manière invisible, souterraine. Elles définissent pourtant des normes puissantes pour le travail.

Au-delà de l’objet numérique, c’est au coeur du processus de l’informatisation de ces cinquante dernières années en France, que se joue une transformation progressive du régime de travail. De nos écologies sociales qui s’adaptent, adoptent, se conforment, se métamorphosent résultent des conflictualités, des polémologies ou des résistances parfois créatrices.

La fabrique de l’hypermodernité s’appuie sur une enquête menée au sein d’un service administratif de l’Inria, alors en pleine crise sociale, pour discerner les processus d’individuation psychiques et collectifs, dans un contexte instable et de difficultés communicationnelles spécifiques. Immergé dans ces conditions anthropotechniques presque de rupture, soumis à des processus de subjectivations incontournables, le sujet de la vie de bureau, du manager au collaborateur se trouve dans une situation confuse ; il ne cesse de vivre une expérience complexe de lui-même dans le devenir hybride, dynamique, du régime numérique.