Les transports et leurs lieux

Ce chapitre fait figure de texte passerelle entre l’étude des réseaux de transport et celles des lieux de transport, sur lesquels se penchent plus spécifiquement les chapitres suivants de l’ouvrage. Par le prisme de la géohistoire, les auteurs sondent les logiques de hiérarchisation des lieux de transport à l’œuvre sur le temps long.

Les portes d'accès physique et numérique aux territoires, fortement interdépendantes et mettant aux prises de multiples acteurs, sont au cœur de ce chapitre. Les auteurs abordent ces plaques-tournantes, ou gateways, dans toute la diversité de leurs manifestations et comme l'une des formes d'expression spatiale les plus vives de la mondialisation.

Ce chapitre questionne les logiques économiques sous-tendant l’aménagement et la gestion opérationnelle des lieux de transport, à travers l’étude des gares et des aéroports. Les auteurs montrent que ces sites sont de plus en plus considérés comme des actifs à valoriser, avec une mobilisation croissante d’acteurs et de financements privés, dont elles pointent les répercussions.

L’auteur révèle combien les lieux de la logistique contemporaine contribuent à remodeler en profondeur les centralités populaires des régions urbaines. Il aborde le quotidien des ouvriers au regard des plateformes logistiques, situées en grande périphérie urbaine, et de leur travail dans les centres urbains, entre pénibilité et politisation émergente.

Les auteurs explorent l’espace public en tant qu’il a été historiquement placé tout contre le transport, dans une relation faite d’interdépendance et d’ambivalence. Ce chapitre propose de repenser la place du transport dans le cadre plus large du partage des lieux où il se déploie.

En se penchant sur la question de la transition vers un autre modèle urbain, plus favorable aux mobilités actives (marche et vélo tout spécialement), dans les pays des Nords, les auteurs livrent une investigation critique des objectifs et des outils utilisés en aménagement, facilitant – ou non – leur essor.

En abordant les transports et leurs lieux par le sensible et les ambiances, auxquels la littérature accorde une attention croissante, l’auteur montre combien ils forment des environnements éminemment empreints de circulations d’affects. Il éclaire tant leur expérience du point de vue des usagers que les recherches de façonnement des ambiances par les opérateurs.

Le transport artisanal occupe aujourd’hui une place centrale dans les villes des Suds. L’auteur montre combien les minibus, triporteurs ou taxi-motos et leurs lieux jouent un rôle d’animation urbaine et sociale considérable, faisant figure de laboratoire des métropoles en développement. Elle en sonde la diversité, les mutations et la complexité des rapports de pouvoir.

Ce chapitre questionne la ségrégation mobile à l’œuvre dans et par les transports. L’auteur examine la mise à distance matérielle et symbolique opérée entre lieux de transport et, à plus fine échelle, dans ces lieux eux-mêmes. La multiplicité des rapports sociaux et des situations à prendre en considération permet de saisir la complexité des stratifications qui s’y élaborent.

L’auteur souligne la tension entre les logiques fonctionnelles du transport et celles, symboliques, de la patrimonialisation affectant les lieux de transport toujours opérationnels. En se penchant sur les classements au patrimoine mondial de l’UNESCO, la patrimonialisation des routes et celle des aéroports, il met en évidence la vigueur des processus à l’œuvre et les territorialités émergentes qui s’y négocient.