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Dans la carte du monde, les macrorégions ou régions mondiales se sont peu à peu imposées avec des succès inégaux et en empruntant des trajectoires diverses. Ces macrorégions sont-elles devenues un échelon supplémentaire dans le déploiement spatial de nombreux acteurs, dans le contexte de la globalisation ? Viennent-elles s’intercaler entre l’échelon national et l’échelon mondial ?
La régionalisation du monde s’intéresse à ces problématiques devenues essentielles au regard de l’élargissement des échelles de l’échange, des problèmes environnementaux, des routes migratoires, de la distribution de l’énergie ou encore de la construction des grandes infrastructures qui dépassent les limites nationales et conduisent les États à mettre en oeuvre des coopérations macrorégionales.
Cet ouvrage analyse également la propension de ces grands ensembles régionaux à devenir de véritables territoires, fruits d’une intégration régionale approfondie, à la fois économique, institutionnelle, juridique, normative, politique, culturelle et identitaire. Les régions mondiales deviendraient ainsi des référents qui font sens et qui s’enracinent dans les représentations sociales.
1. De la géographie régionale à la géographie de la régionalisation
2. La régionalisation des migrations
3. Les approvisionnements énergétiques : comparaison d’expériences régionales
4. Systèmes de transport et intégration régionale
5. Le couple régionalisation-mondialisation : évolution des échanges mondiaux
6. L’activité boursière et le processus de régionalisation
7. Le Runet, région du cyberespace ?
8. Les régions de sécurité : un monde hétérogène entre conflits et coopérations
9. L’intégration africaine tous azimuts
10. L’Europe, un casse-tête géographique
11. Trois exercices de régionalisation de l’Europe
12. L’Arctique, une (macro)région en construction ?
13. Amérique du Nord : une intégration régionale asymétrique
14. Les intégrations de l’Amérique latine
15. La Chine : prééminence régionale et puissance mondiale
16. L’Asie du Sud-Est, une région ?
Pierre Beckouche
Pierre Beckouche est professeur de géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il enseigne notamment la géoéconomie régionale. Ses travaux de recherche portent notamment sur les régionalismes Nord-Sud et sur les relations entre l’Union européenne et ses voisins méditerranéens.
Yann Richard
Yann Richard est professeur de géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il enseigne notamment la géographie politique et la géographie de l’Union européenne. Ses travaux de recherche portent sur l’Europe orientale, l’Union européenne et l’intégration régionale dans le monde.
Chapitre 1
De la géographie régionale à la géographie de la régionalisation (pages : 9-24)
Ce chapitre pose les bases de l’apport de la géographie francophone dans l'analyse des grandes régions. Il faudra attendre l'émergence du Monde comme échelon géographique, et l'apport des économistes sur la régionalisation dans le deuxième 20ème siècle, pour que les géographes réinvestissent les régions de manière plus interdisciplinaire et plus stratégique.
Chapitre 2
La régionalisation des migrations (pages : 25-37)
Ce chapitre étudie les migrations et mobilités internationales. Il montre que les routes migratoires, certes de plus en plus globales, conservent une dimension régionale prédominante. Cet aspect des migrations internationales est largement sous-estimé dans la littérature scientifique.
Chapitre 3
Les approvisionnements énergétiques : comparaison d’expériences régionales (pages : 39-52)
Ce chapitre étudie les intégrations régionales énergétiques comme des processus combinant des processus à plusieurs niveaux : technique, normes, marché, gouvernance et représentations politiques. Sur un plan théorique, l’exemple européen est comparé avec d’autres modèles régionaux. Présentés à travers le prisme des transitions énergétique, ces modèles remettent en question certains choix du modèle européen, notamment le choix de l'échelle géographique optimale.
Chapitre 4
Systèmes de transport et intégration régionale (pages : 53-76)
Ce chapitre décrit les liens mutuels forts entre l’intégration régionale et la dynamique des réseaux de transport, en observant les flux, les infrastructures et les institutions qui les encadrent. Les réseaux de transport sont des marqueurs des interdépendances construites entre pays voisins. Leur construction contribue à l’intégration régionale.
Chapitre 5
Le couple régionalisationmondialisation : évolution des échanges mondiaux (pages : 77-92)
Ce chapitre fait un état des lieux des dynamiques mondiales du commerce international pour interroger le fait régional. L’hypothèse centrale est que la mondialisation et la régionalisation ne sont pas incompatibles. Elles seraient au contraire concomitantes et reliées l’une à l’autre.
Chapitre 6
L’activité boursière et le processus de régionalisation (pages : 93-108)
Ce chapitre analyse les échanges financiers. Ces derniers sont dématérialisés et globalisés. Pourtant, de façon contre-intuitive, il existe une dimension régionale de l’organisation et des pratiques de l’activité boursière. On le vérifie en se observant trois thèmes : la cotation des valeurs mobilières, la construction des groupes boursiers et le trading à haute-fréquence.
Chapitre 7
Le Runet, région du cyberespace ? (pages : 109-120)
Ce chapitre part d’une évidence : dans le cyberespace, les flux numériques sont par essence ubiquistes et mondialisés. Mais l’auteur montre que ces flux n’échappent pas à la régionalisation. En adoptant une perspective géopolitique, il observe l’exemple du Runet, c’est-à-dire l’ensemble des réseaux, services numériques et plateformes où la langue russe est utilisée pour communiquer.
Chapitre 8
Les régions de sécurité : un monde hétérogène entre conflits et coopérations (pages : 121-137)
Ce chapitre est orienté vers les enjeux sécuritaires transfrontaliers, une composante essentielle des régions d’aujourd’hui. Il analyse la construction régionale de la sécurité et la concentration régionale de l’insécurité. Dans les deux cas, il faut considérer l’échelle régionale avec finesse : les architectures régionales de sécurité ont souvent une taille macrorégionale, alors que la géographie de la violence se concentre souvent dans des agrégats plus petits de pays voisins.
Chapitre 9
L’intégration africaine tous azimuts (pages : 139-155)
L’Afrique n’est pas à l’écart des dynamiques d’intégration régionales observées dans les autres parties du monde. On y observe une grande diversité de formes de coopération institutionnelle. Mais le tableau régional du continent demeure celui d’une composition inachevée marquée par la complexité, la superposition des cadres institutionnels, la faiblesse de la mise en œuvre des accords, dont l’empreinte sur les sociétés demeure ténue.
Chapitre 10
L’Europe, un casse-tête géographique (pages : 157-178)
La polysémie du mot « Europe » recouvre une diversité d’objets géographiques aux contenus sémantiques et aux géométries différentes, que le géographe aurait pour mission de définir. Peu de régions du monde voient fleurir autant de débats. La tâche est ardue tant les représentations collectives de l’Europe diffèrent selon la formation, les expériences ou la position sociale des individus.
Chapitre 11
Trois exercices de régionalisation de l’Europe (pages : 179-196)
La définition spatiale et sémantique de l’Europe est difficile. Ce chapitre propose de dessiner la région européenne en suivant trois pistes. La première consiste à considérer les Etats européens dans les réseaux diplomatiques. La deuxième s’intéresse à la position de la Turquie dans l’architecture des associations supranationales. La troisième interroge l’existence d’une région européenne à travers l’usage du terme « Europe » dans les médias.
Chapitre 12
L’Arctique, une (macro)région en construction ? (pages : 197-219)
La principale définition de l’Arctique se caractérise par la ligne imaginaire du cercle polaire. En cherchant à participer à la gouvernance de cette partie du Monde, des acteurs extérieurs remettent en question cette limite. La région Arctique n’est pas fonctionnellement intégrée. Elle reste un espace dynamique, influencé par le cloisonnement économique et les relations de pouvoir à tous les niveaux.
Chapitre 13
Amérique du Nord : une intégration régionale asymétrique (pages : 221-235)
L’Amérique du Nord est caractérisée par sa grande simplicité : seulement trois États, le Canada, les États-Unis et le Mexique. Par leur poids démographique, leur puissance économique et militaire, les États-Unis dominent l’ensemble. Ils ont imposé une forme hégémonique de l’intégration régionale qui, malgré des tendances nationalistes de fond et les réformes récentes de l’ALENA, demeure solide et semble irréversible.
Chapitre 14
Les intégrations de l’Amérique latine (pages : 237-253)
La notion d’Amérique latine apparaît au milieu du XIXe siècle en opposition à l’Amérique anglo-saxonne, comme un appel à l’intégration macrorégionale des pays émancipés de la couronne espagnole. Malgré de nombreuses tentatives institutionnelles, cette intégration ne s’est pas produite. Des facteurs géographiques, historiques et politiques expliquent cet écart entre l’identification d’un grand ensemble et la difficulté à l’intégrer.
Chapitre 15
La Chine : prééminence régionale et puissance mondiale (pages : 255-267)
La géographie de l’intégration chinoise à la région Asie se signale par une domination régionale économique et sécuritaire. C’est cette capacité à articuler les dynamiques de développement régionales par un mouvement centripète, donc à polariser la région asiatique, qui autorise la Chine à se positionner en tant que puissance mondiale.
Chapitre 16
L’Asie du Sud-Est, une région ? (pages : 269-285)
Ce chapitre porte l’attention sur l’Asie du Sud-Est et montre les effets de la rencontre de l’hégémonie régionale chinoise et de la puissance américaine. Dans cette partie du monde, l’auteure analyse les difficultés du passage d’une intégration fonctionnelle, portée par les firmes transnationales, à une intégration formalisée par les accords de libre-échange mais entravée par la montée de régimes autoritaires.