Vulnérabilité, territoire, population

Une grande variété de concepts et de problématiques sont mobilisés par les sciences sociales pour approcher la vulnérabilité. L’émergence des concepts de résilience ou adaptation traduit des postures différentes. Le développement dans des recherches interdisciplinaires de notions comme souffrance environnementale ou zones de sacrifice témoigne de l’exacerbation de la vulnérabilité et de sa difficile réduction opérationnelle.

Les différentes façons de formaliser le concept de vulnérabilité pour le rendre opérationnel conduisent à des recommandations différentes pour les politiques publiques et l’aménagement du territoire. Ces modèles ont évolué en passant d’une focalisation initiale sur les aspects physiques et de gestion à une inclusion croissante des facteurs sociaux.

La vulnérabilité ordinaire prend le contre-pied de l’acception classique du risque en disqualifiant l’évènement exceptionnel habituellement pris comme point de départ du risque. Cette approche est en cohérence avec « la construction sociale du risque », en l’inscrivant théoriquement dans un processus de construction, historique, territorial, social et politique qui se joue dans l’ordinaire du monde social.

La mise à l’agenda de la vulnérabilité dans les politiques publiques se traduit par l'invention de dispositifs locaux. En entrant dans l’espace privé des habitants ou des acteurs économiques, ils rencontrent inertie, résistance voire opposition. Pourtant ces réponses d’adaptation constituent des alternatives aux protections structurelles qui trouvent leur limite face au changement climatique.

Conceptualiser, mesurer et opérationnaliser la vulnérabilité est une démarche qui ne va pas de soi. La compréhension actuelle des vulnérabilités est guidée par des théories, des méthodologies et des mesures issues de différentes écoles de pensée. L’analyse critique de ces outils montre l’importance d’interroger leur validité, notamment parce qu’ils sont utilisés dans l’aide à la décision.

La vulnérabilité territoriale intègre l’ensemble des dynamiques d’un territoire à risque. Dans cette perspective territoriale, trois approches sont mises en œuvre dans les travaux de recherche : par les enjeux, par les interdépendances et par les temporalités.

Les réseaux techniques sont considérés comme des infrastructures critiques dans de nombreux pays. La complexité de ces systèmes sociotechniques interdépendants rend l’analyse de ces infrastructures difficile, en particulier l’évaluation de leur vulnérabilité. Les multiples aléas auxquels ces infrastructures sont exposées sont connus, mais les réponses apportées pour y faire face sont souvent insuffisantes.

Cerner la géographie des vulnérabilités sanitaires revient à resituer les déterminants de la santé dans toute l’épaisseur des territoires (contextes politiques et économiques, configurations socio-urbanistiques, jeux d’acteurs, constructions locales des risques etc.). C’est dans ce sens qu’il devient possible d’agir sur les inégalités sociales et territoriales de santé.

Ce chapitre identifie les objectifs des cartes de vulnérabilité, en France ou à l’international. L’opérationnalisation du concept cherche à légitimer et à suivre les effets des politiques publiques. Des choix théoriques et politiques sous-tendent la production des cartes comme leurs effets concrets sur les territoires.

Mesurer la vulnérabilité est aujourd’hui une priorité de nombre d’acteurs. La participation des personnes concernées est indispensable pour l’évaluation de la vulnérabilité. A partir d’exemples dans le Pacifique, l’analyse des processus et outils participatifs insiste sur les avantages, mais aussi sur les limites et difficultés posées par ces approches.

Alors que le changement climatique s’amplifie, ce chapitre montre que l’engagement des responsables des villes pour une meilleure intégration des enjeux climatiques est nécessaire. Les villes sont à la fois fortement émettrices de gaz à effet de serre et des points chauds de vulnérabilité face aux impacts climatiques, mais l'adaptation tarde à s'opérer.

L’analyse du processus d’internationalisation des acteurs et discours de la gestion des risques présente une évolution des formatages conceptuels qui ont progressivement perdu leur contenu critique. La mise en œuvre pratique d’un programme de réduction de la vulnérabilité en Amérique latine montre comment celui-ci est enfermé dans un cadrage qui remet en cause ses objectifs.